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Apprentissage : la captation des fonds par les grandes entreprises s’organise

Le SDI avait dénoncé l’année dernière les conséquences potentiellement destructrices de la loi Avenir Professionnel, pour la formation aux métiers de l’artisanat.

Présentée comme une grande révolution, cette loi portait l’objectif de renforcer l’alternance, et plus particulièrement l’apprentissage, comme voie incontournable d’accès à l’emploi. Sur le fond, il est exact que l’apprentissage conduit à la capacité à exercer un métier. Ce fait est reconnu par les statistiques d’accès à l’emploi en fonction de la filière et du niveau de formation. Il ne faisait aucun doute qu’il était nécessaire de donner un nouveau souffle aux CFA dont la qualité et/ou le niveau d’enseignement sont loin de remporter un avis positif unanime parmi les indépendants.

Pour autant, le gouvernement s’est attaché à une véritable déstructuration des fondamentaux de l’apprentissage comme accès à un métier artisanal par nature, au profit d’une vision plus large poussée par les grandes entreprises d’une alternance à leur main.

De fait, de grandes entreprises telles qu’Adecco, Accor, Korian, Sodexo, Schneider Electric, Safran, Groupe Nicollin, Arc international, se sont engouffrées dans cette brèche pour créer leurs CFA « maison ».

La seconde étape, telle qu’elle est portée en germe par la loi Avenir Professionnel, est la mise en concurrence des CFA existants au même titre que peuvent l’être les écoles de commerce ou les structures de l’enseignement privé. La liberté pour chaque établissement de fixer ses propres tarifs de formation et la liberté de choix des formations dispensées conduira inéluctablement à la mise en place de formations à plusieurs vitesses, voire à la disparition de métiers jugés « non rentables » ou « obsolètes ».

Il est impératif que l’artisanat, et plus généralement les professionnels indépendants, se mobilisent et se structurent pour que vivent leur savoir-faire !