Focus

Le danger systémique des plateformes du e-commerce sur le modèle économique et social français

Objectif N°1 : Zéro charges fiscales

Particulièrement habile dans le domaine de l’optimisation fiscale (1,767 million d’euros d’impôts pour 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires déclaré en France en 2015), la plateforme de e-commerce se distingue aussi par des conditions de travail physiquement et moralement harassantes selon un audit de 2018 réalisé sur la plateforme de Montélimar.

Objectif N°2 : Zéro charges sociales

Le salariat pose un problème ? Amazon entend trouver la parade et inciter ses salariés à démissionner pour devenir livreurs en qualité de microentrepreneurs.
Sans impôts et sans cotisations sociales (un jour sans salaires ?), il est plus simple de réaliser des profits. La recette est assez simple en définitive.

Le microentrepreneuriat de subsistance à temps partiel n’est pas un modèle social

La véritable question est : existe-t-il une place pour ce type d’entreprise dans une société fondée sur la solidarité ? Quel est le rôle social et environnemental d’Amazon selon les nouveaux objectifs fixés dans la loi PACTE ? Doit-on laisser longtemps encore subsister les dérives du micro entrepreneuriat, initialement conçu comme un moyen simple et efficace de créer son entreprise, et devenu le réservoir à main d’œuvre à bas coût payée à la tâche pour les plateformes numériques ?

Où est le « progrès » ?

On nous dit qu’il est impossible de lutter contre le « progrès ». Mais le fond du problème consiste déjà à s’accorder sur cette notion de progrès. A partir des années 70 déjà, il n’était pas question de lutter contre l’implantation des grandes surfaces commerciales, pourvoyeuses d’emplois et symboles de « modernité » dans les nouvelles habitudes de consommation. 50 ans plus tard, les pouvoirs publics lancent des projets « cœur de ville » pour lutter contre la désertification commerciale des centres villes directement liée à la multiplication des mètres carrés commerciaux en périphérie, les grandes surfaces sont à la peine (le groupe Casino est en procédure de sauvegarde, Carrefour en restructuration, Auchan sur la même pente) et les économistes annoncent que les emplois des grandes surfaces alimentaires seront parmi les premiers à disparaître du fait de la digitalisation. Sur les 50 dernières années, le commerce de proximité et ses centaines de milliers d’emplois n’ont eu de cesse de reculer devant ce qui s’avère être les mirages de la grande distribution.

Nous devons avoir une vision de long terme, équilibrée, respectueuse de l’individu et de son travail, qu’il soit salarié ou indépendant, encadrer sinon refuser le cas échéant des modèles de développement « progressistes » qui nous conduisent en réalité à la régression de notre modèle social.