Focus

Impact du mouvement des gilets jaunes sur le commerce et l’artisanat : le pire est a venir !

30% de baisse de CA en moyenne

Après 6 mois de perturbations et manifestations parfois violentes, le Sénat a rendu un rapport sur les conséquences du mouvement des gilets jaunes pour les commerçants et artisans des centres-villes.

Avec 30% de baisse de chiffre d’affaires en moyenne, les conséquences de ces mouvements sont terribles : assèchement de la trésorerie ; difficultés voire impossibilité de régler les cotisations sociales et charges fiscales ; retards ou défaut de paiement vis-à-vis des fournisseurs ; dégradation de leur dossier bancaire ; hausse des primes d’assurance ; difficultés d’approvisionnement ; …

Des effets de plus long terme à intervenir

Jusqu’ici, la plupart des commerçants et artisans ont tenu le choc, mais les effets de plus long terme n’ont pas encore été absorbés : paiement inéluctable des charges reportées ; détournement de la clientèle vers les grandes surfaces de périphérie et substitution partielle des achats via internet.

Ce sont ces effets de long terme qui risquent d’être les plus dévastateurs pour nos activités, dans un contexte économique qui tend au surplus à stagner.

Des soutiens insuffisants et inadaptés

  • Les reports de charges

A grand renfort de communication, l’Etat a annoncé des « étalements » ou des « reports » de paiement des dettes sociales et fiscales. Cette formule est viable en cas de trou d’air mais elle s’avère inefficace lorsque les difficultés perdurent sur la moitié au moins d’un exercice.

  • Les fonds d’avances remboursables à taux zéro

Certaines collectivités locales (communes, départements, régions) proposent des prêts à taux zéro, parfois en lien avec BPIFrance. Une nouvelle fois, l’offre est généreuse mais ne fait que reporter le problème puisque ces avances sont, par nature, « remboursables ».

  • Les fonds d’indemnisation

D’autres collectivités ont pris l’initiative de créer des fonds d’indemnisation, formule qui présente l’avantage d’une absence de remboursement à terme. Le problème est que ces fonds sont peu connus et que leurs critères d’éligibilité sont trop stricts. Ainsi, la plupart fixent la baisse de chiffre d’affaires minimum à 30% pour déposer un dossier. Or, il n’existe pas de différence entre une entreprise dont le chiffre d’affaires aurait baissé de 29% (inéligible) et une autre dont le chiffre d’affaires aurait baissé de 31% (éligible). Par ailleurs, le critère du chiffre d’affaires est en lui-même peu pertinent. Pour compenser la perte de chiffre d’affaires, de nombreux professionnels ont pratiqué des prix d’appel et puisé dans leurs stocks. La perte de chiffre d’affaires a certes été limitée dans cette hypothèse, mais le préjudice économique est bien présent en ce qui concerne la marge et le résultat.

  • Les projets d’animation de centres villes

Le gouvernement a annoncé fin juillet que 35 villes bénéficieraient de 5,7 millions d’euros en vue d’accompagner des projets municipaux d’un montant minimum de 100.000€ destinés à attirer de nouveau la clientèle en centre-ville.

Ces communes sont les suivantes :

Avignon, Besançon, Béthune, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Brest, Calais, Charleville-Mézières, Chaumont, Dijon, Dole, Epinal, LePort, Le Tampon, Lille, Lyon, Mâcon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nevers, Paris, Ploërmel, Quimper, Rennes, Rouen, Saint-André, Saint-Avold, Saint-Denis, Saint-Etienne, Saint-Louis, Saint-Paul, Saint-Pierre, Toulon et Toulouse.

Chaque commune décide de l’action à mener. Toulouse par exemple a prévu une grande braderie à la rentrée ainsi qu’un banquet nocturne place du Capitole « Toulouse à table ». Nocturne ? Pour les commerces de proximité ? A chacun sa vision.

La ville de Calais a pour sa part choisi de soutenir les commerces en participant au paiement des loyers, sans négliger un plan d’attractivité du centre-ville.

La ville de Lyon a prévu de soutenir des animations portées par les associations de commerçants, de procéder à une campagne d’affichage pour revaloriser le centre-ville, la création d’un film promotionnel « Pôle commercial Presqu’île » et l’édition d’un guide des ambiances commerciales de la Presqu’île édité en 50 000 exemplaires destiné aux touristes.

Une opération publicitaire en somme.

Pour la mise en place d’une solution globale

D’autres collectivités enfin se sont refusées à la mise en place de tout dispositif au motif qu’elles estiment qu’il revient à l’Etat de prendre en charge les conséquences de préjudices manifestement liés à une problématique de maintien de l’ordre lors des manifestations des gilets jaunes dont elles ne sont pas responsables.

Si l’argument ne mérite pas d’être opposé aux commerçants et artisans des collectivités concernées, il n’en reste pas moins pertinent sur le fond.

La solution passe par un fonds d’indemnisation unique des pertes d’exploitation liées au mouvement des gilets jaunes.