Focus

La lutte contre l’ouverture élargie des grandes surfaces passe par des décisions politiques fortes !

Une vacance commerciale qui s’amplifie

Ce n’est un secret pour personne : il existe un lien direct entre la multiplication des grandes surfaces de périphérie et le mitage commercial des centres villes, notamment des villes petites et moyennes. Au constat que le commerce appelle le commerce, mais aussi que l’absence de commerces conduit à l’absence d’implantation de nouveaux commerces, le phénomène de la vacance commerciale s’intensifie et s’autoalimente. Ainsi, entre 2012 et 2019, le nombre de villes qui dépassent le taux de vacance commercial jugé alarmant de 10% a augmenté de 65%. En 2019, 2/3 des villes se situent au-delà de ce seuil, contre déjà la moitié en 2015.

Des grandes surfaces qui se multiplient

En 2018, la France comprenait 2.000 hypermarchés (500 de plus qu’en 2010), 10.000 supermarchés (5.000 de plus qu’en 2010) et 800 centres commerciaux représentant 16 millions de mètres carrés, le tout situé en très grande majorité à la périphérie des villes.

La libéralisation de l’implantation des grandes surfaces date de 2008 et de la loi LME (Loi de Modernisation de l’Économie), conçue comme un moyen de développer la concurrence entre les grandes surfaces en vue de faire baisser les prix auprès des consommateurs. Ce développement a bien eu lieu. Il s’est fait au détriment des unités commerciales et artisanales des centres villes, mais aussi des acteurs de la filière, les TPE-PME et le secteur agricole.

Cette libéralisation était une pure folie dénoncée à l’époque par le SDI, y compris pour l’emploi, au constat que le nombre de salariés employés pour un même chiffre d’affaires est deux fois moins élevé pour une grande surface que pour un commerce de proximité.

La pratique du « en même temps de 2019 »

Les pouvoirs publics actuels sont revenus en arrière avec la loi ELAN. Sur le papier, cette dernière donne différents outils aux élus locaux pour limiter voire s’opposer à de nouvelles implantations de grandes surfaces, notamment dans le cadre des conventions de redynamisation des territoires.

Pour autant, « dans le même temps », cette loi favorise la libre implantation des grandes surfaces à dominante alimentaire en centres-villes, secteur géographique convoité par les enseignes et dernier bastion d’un commerce alimentaire vivant et diversifié dans les grandes agglomérations.

S’agissant des villes petites et moyennes, l’implantation en centre ville est elle aussi libéralisée, avec l’idée selon laquelle une grande surface de centre ville constitue une locomotive commerciale de chalandise pour les commerces de proximité. Or, non seulement ce principe n’est pas nécessairement pertinent, mais encore les grandes surfaces se trouvent-elles très bien en périphérie, ce d’autant que, paradoxalement, la loi ELAN leur accorde désormais une situation de monopole par la restriction d’implantation de nouvelles grandes surfaces.

C’est l’une des raisons pour lesquelles ces dernières militent désormais pour des ouvertures élargies : le soir de 21h à minuit, ainsi que les dimanches après-midi sans personnel. La lutte affichée contre le e-commerce a bon dos en l’occurrence s’agissant notamment de l’alimentaire.

La mise en place de solutions urgentes et drastiques

Les unités commerciales et artisanales constituent le poumon des centres villes. Elles représentent l’essence d’une vie sociale ; d’une meilleure sécurité ; de la création d’emplois de proximité. Il est totalement aberrant que les pouvoirs publics, même situés à Paris, ne comprennent pas leurs propres éléments statistiques et n’envisagent pas sérieusement de mettre en œuvre les moyens de sauvegarder et développer l’activité commerciale et artisanale de proximité. La première des actions à réaliser est de supprimer le « en même temps », de trancher en faveur de ces activités de proximité, en abandonnant le projet d’ouverture élargie des grandes surfaces et en légiférant sur les ouvertures dominicales. La base de cette législation ne doit pas être faite au nom du droit du travail comme actuellement mais au nom du droit commercial, et plus précisément du droit à exister des unités commerciales et artisanales de proximité !