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Les TPE mauvaises élèves économiques selon l’Observatoire du Financement des Entreprises (OFE)

A la lecture du dernier rapport de l’OFE, le crédit aux entreprises coule à flot à des taux historiquement bas. Dans ce réjouissement général, l’OFE ne révèle pas que la politique des taux bas et l’argent facile ne concernent que quelques heureux élus seulement.

En réalité, le modèle bancaire français, unique en Europe, se fonde sur un système pervers au sein duquel les frais et agios appliqués sur les comptes des entreprises les plus fragiles financent les taux bas des entreprises les moins nécessiteuses.

Ce que l’OFE traduit par : « le crédit est distribué à celui qui en a besoin, et qui est dans une bonne situation financière », soit une double condition subjective laissée à l’appréciation des conseillers bancaires.

Or, pour ces derniers et selon le rapport de l’OFE, les responsables de TPE sont de mauvais élèves économiques aux fonds propres et à la culture financière insuffisants. Risquée par nature, la TPE paie sa trésorerie au prix fort.

Ainsi, dans son enquête de mai 2019 sur le financement des TPE, le SDI démontre que moins d’une entreprise sur cinq obtient un financement bancaire pour ses besoins de trésorerie. Les autres demandes sont comblées par des découverts en compte courant dont le coût est 5 à 7 fois supérieur à un crédit classique.

Ces « crédits », aggravés des frais sur incidents bancaires, conduisent au constat récurrent d’un coût global supérieur à l’année au besoin en fonds de roulement sollicité. Et ce système s’auto-alimente car une TPE en difficulté financière est condamnée à assécher sa trésorerie pour payer les frais et agios bancaires liés à cette situation.

Curieusement, malgré un environnement financier décrit comme particulièrement favorable, l’OFE se félicite des multiples soutiens apportés par les pouvoirs publics aux besoins de financement des TPE, notamment par BPIFrance et la Médiation du crédit.

Si ce n’est pour pallier une carence du marché bancaire, il est permis de s’interroger sur l’utilité de ces dispositifs !

Pour le SDI, dans le prolongement de la surveillance et l’encadrement des pratiques bancaires abusives à l’égard des consommateurs, lesquelles ont largement porté leurs fruits, il est temps de superviser les pratiques bancaires à l’égard des TPE. Le Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF) serait en capacité, mais aussi en devoir, d’assumer cette mission.