Focus

Record de création d’entreprises en 2019 : des chiffres en trompe l’œil

Depuis 2009 en effet sont comptabilisées comme « création d’entreprise », l’ensemble des nouvelles immatriculations, du microentrepreneur attaché à une plateforme numérique de type Uber ou Deliveroo, à la création d’une société avec plusieurs salariés.

Si cette comptabilisation se justifie sur un plan juridique, ses conséquences pratiques et économiques sont radicalement différentes.

De fait, près de la moitié des nouvelles immatriculations de 2019 sont le fait de microentrepreneurs. Sans dénigrer ce régime social et fiscal particulier, force est de constater qu’il comporte lui-même un ensemble de catégories qu’il est inexact de rattacher à la notion « d’entreprise » au sens commun du terme.

Ainsi, plus du quart des immatriculations de 2019 sous régime de microentrepreneur est le fait d’individus liés au secteur de la livraison à domicile des plateformes telles qu’Uber Eats, Deliveroo ou Just Eat. Ils ont été 100.000 à s’inscrire en 2019, un chiffre en hausse de 48% par rapport à 2018.

Par ailleurs, le tiers de ces immatriculations est le fait de personnes déjà salariées et donc en recherche d’un complément de revenus à défaut de volonté de création d’une entreprise.

Puisqu’on parle beaucoup de la retraite en ce moment, il convient de souligner qu’avec un revenu moyen mensuel de 470€, les microentrepreneurs sont très loin du seuil minimum d’acquisition de droits à retraite, que ce soit dans le régime actuel comme dans le régime futur s’il voit le jour. Une véritable bombe à retardement pour l’équilibre des régimes sociaux dont les pouvoirs publics semblent se désintéresser à ce jour.

Enfin, 70% des personnes inscrites en microentreprises auront cessé leur activité sous 3 ans, contre seulement 37% des entrepreneurs individuels classiques et 17% des sociétés.

On l’aura compris, les statistiques de l’INSEE mériteraient plus de finesse, en dissociant clairement les entrepreneurs à temps plein des personnes en recherche de complément de revenus.

Pour autant, sous cet important bémol et pour 2019, les nouvelles restent bonnes avec une hausse de 15,7% des créations d’entreprises individuelles classiques et de 8,6% des sociétés, le tout dans un contexte global de baisse des défaillances d’entreprises… du moins sur l’année 2019. Le dernier trimestre fût pour le moins plus compliqué en raison des mouvements sociaux.