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Moratoire sur l’implantation des zones commerciales en périphérie des villes : vraie mesure ou tour de passe-passe ?

La bonne nouvelle est qu’un gouvernement se soit enfin rendu compte de ce que le SDI et les commerces de proximité constatent depuis plus de 10 ans : il existe un lien direct entre le développement des zones commerciales de périphérie et la désertification commerciale des centres villes des villes petites et moyennes.

Pour le reste, les représentants des grandes surfaces ne se sont guère émus de cette annonce, et pour cause !

Tout d’abord, le gouvernement cible les « centres commerciaux en zones péri-urbaines », sans préciser la nature des dits centres, et notamment leur seuil en mètres carrés. Concrètement, en-dessous de 5.000 m2, les grandes surfaces pourront continuer à s’implanter.

De plus, les secteurs péri-urbains sont tellement saturés que les autorisations pour les nouvelles demandes de surfaces commerciales ont chuté d’1 million de mètres carrés en France sur les trois dernières années. Ce sont à ce jour les extensions de l’existant qui fournissent de très loin le gros des projets des enseignes.

Par ailleurs, l’intention des pouvoirs publics relève en fait d’une volonté déjà manifestée par la loi ELAN modifiée, à savoir réintroduire les grandes surfaces sur les friches commerciales des centres-villes. Or, selon une étude de l’École de Journalisme de Strasbourg, 81% des communes ayant obtenu le soutien de l’État dans le cadre des opérations de revitalisation des commerces de proximité (opération « Cœur de Ville ») ont parallèlement accepté l’implantation de grandes surfaces en périphérie. Le moratoire vise en conséquence aussi à lancer un message après de ces municipalités mais en aucun cas à mettre un frein au développement des grandes enseignes, notamment en centres-villes.

Enfin, le nouveau danger qui guette actuellement les commerces de proximité relève plus des entrepôts du e-commerce. Ces derniers n’étant pas considérés comme des « centres commerciaux », ils ne sont pas concernés par le moratoire.

Face à ces éléments, le SDI formule les propositions suivantes :

  • Interdiction de l’ouverture au-delà de 21h des grandes surfaces
  • Interdiction de l’ouverture dominicale de ces mêmes grandes surfaces, y compris en l’absence de salariés
  • Moratoire sur l’implantation des entrepôts du e-commerce dans l’attente des résultats de l’étude demandée par le gouvernement